L’addiction à l’activité physique fait partie de ce qu’on nomme les dépendances comportementales. Ce type d’addiction désigne les dépendances dont l’objet n’est pas un produit psychotrope (drogue), mais plutôt un comportement. Cette sorte de dépendance peut être associée à différents comportements : faire des achats, travailler, jouer à des jeux vidéo ou des jeux de hasard.
Dans les recherches les plus récentes, on évalue qu’environ 0,5 % de la population globale (rapporté à la démographie de la Corse soit environs 1800 individus) serait atteint d’addiction à l’exercice alors que le taux passe à 2-3 % chez ceux qui sont régulièrement actifs (soit près de 10 000 individus pour notre territoire).
Une étude sur des athlètes d’élite, tous sports confondus montraient un taux d’addiction de 34,8 %, alors que le taux atteignait 50 % chez les coureurs compétitifs.
On pourrait concevoir qu’il est bénéfique d’être accro à l’activité physique, car ça devrait évidemment mener à une vie en bonne santé. En revanche, les conséquences de cette addiction peuvent être très néfastes.
Dans un premier temps, on retrouve souvent des conséquences directement reliées à l’activité elle-même, comme des blessures d’usure. Lorsque le problème devient plus important, les conséquences sont plus souvent d’ordre relationnel, se traduisant le plus fréquemment par des conflits avec les proches ou sur le lieu de son travail. En définitive, dans les cas les plus graves, l’addiction à l’activité physique peut mener à des troubles psychologiques plus importants comme la dépression.
Le phénomène de l’addiction à l’entraînement serait possiblement encore plus présent chez des adolescents et les jeunes adultes. Selon une étude réalisée en 2011, 8,5 % des jeunes de niveau secondaire seraient touchés par une addiction au sport.
D’ailleurs, on note aussi un pourcentage d’addiction à d’autres comportements plus élevés chez les adolescents. Il faudrait donc être particulièrement vigilant lorsqu’on travaille avec des jeunes qui semblent très engagés dans leur sport afin de dépister les risques de dépendance le plus tôt possible.
Certaines études rapportent que les troubles alimentaires sont souvent accompagnés par des niveaux exagérés d’activité physique. La relation inverse a aussi été établie.
Les individus affectés par l’addiction à l’exercice ont souvent beaucoup de soucis à propos de leur image corporelle, de leur poids et du contrôle de leur alimentation.
Cette comorbidité rend la tâche d’identifier le trouble primaire très difficile. Environ la moitié des gens qui souffrent d’addiction à l’activité physique souffrent aussi de troubles alimentaires.
L’activité sportive est appréhendée dans la plupart des cas dans le but d’avoir une activité plaisante et valorisante. Par exemple, une personne qui commence à s’entraîner et qui note une augmentation de sa force peut se sentir valorisée. Une autre, qui commencerait à faire des randonnées régulièrement trouve qu’il est agréable de se retrouver dans la nature et de pouvoir s’aérer mentalement.
La première phase expose la personne à l’effet grisant de l’activité physique. Cet effet survient chez tous ceux qui pratiquent l’activité physique, mais ce ne sont pas tous ceux qui s’entraînent qui deviennent dépendants. On peut devenir très engagé dans une activité, sans développer de dépendance.
L’approche à risque commence lorsque la motivation pour faire une activité physique n’est plus le plaisir, mais le relâchement et la détente. En général, les conséquences négatives lors de cette phase sont directement le résultat de l’exercice et non interpersonnelles. Par exemple, la personne se blesse en courant à la suite d’un entraînement très difficile.
Ce qui différencie la dépendance des phases précédentes est la nature des conséquences négatives. Les problématiques reliées à l’exercice à ce niveau sont généralement d’ordre interpersonnel. Par exemple, si le conjoint d’une coureuse se plaint qu’elle préfère courir plutôt que de passer du temps avec lui, on peut penser que la coureuse en question est peut-être dans la phase de dépendance.
Une fois dans la phase de dépendance, le comportement continue, malgré le fait que l’objectif de départ ait été atteint, un peu comme un alcoolique qui continue de boire même s’il a atteint l’effet désiré de détente de l’alcool.
Un aspect commun à cette étape est qu’un comportement qui était effectué en groupe se produit maintenant individuellement. Par exemple, la personne qui faisait de la course à pied avec ses collègues deux fois par semaine pourrait choisir d’aller seule, afin d’augmenter la fréquence, l’intensité et la durée des entraînements.
Un autre point qui caractérise cette phase est qu’au lieu de rechercher la libération d’endorphines pour se sentir mieux, la personne peut commencer à s’entraîner afin de ne pas ressentir les symptômes du sevrage.
La fréquence et l’intensité de l’activité physique continue d’augmenter jusqu’à devenir le point central de la vie de la personne. À ce stade, la personne peut être confrontée à des conséquences plus importantes, telle la dépression, la perte d’emploi, etc.
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